L'alcoolisme définit à la
fois un mésusage (mauvaise utilisation) de la consommation de boissons
alcooliques, mais aussi l'ensemble des troubles engendrés par cet abus.
L'alcoolisme peut être aigu avec la « cuite » ou les phénomènes de « binge
drinking » correspondant à des alcoolisations ponctuelles et massives, mais
l'alcoolisme est majoritairement chronique. Dans ce cas, il s'agit d'un
comportement qui se caractérise entre autres par l'envie et le besoin de
consommer de l'alcool, l'évolution se faisant petit à petit vers une tolérance
progressivement accrue à l'alcool avec des besoins de quantités de plus en plus
importantes. Une fois la dépendance avérée, l'alcoolique doit faire face à
l'apparition de signes de sevrage en cas d'arrêt de la consommation. L'intoxication
alcoolique entraîne notamment des destructions de tissus et d'organes, en
particulier le foie, et des désordres psychologiques et sociaux (tentatives de
suicide, violence, troubles relationnels, etc.).
L’alcool reste un problème de santé publique majeur avec 49000 décès par an sont liés à l’alcool en
France.
Dépendance
A très court terme, l’absorption d’alcool provoque l’ivresse. Les
symptômes en sont les suivants :
-
un ralentissement des réflexes
-
une diminution de la vigilance
-
une euphorie ou une tristesse
-
des troubles de l’équilibre
-
une appréciation erronée des
situations et des distances
-
des crises d’épilepsie
-
un coma pouvant entraîner le décès
L’alcoolisme chronique se manifeste par :
-
des tremblements matinaux
-
une érythrose faciale (visage rouge)
-
une hypertrophie des glandes
parotides (situées sous la mâchoire inférieure)
-
rarement une rétraction tendineuse
des auriculaires (maladie de Dupuytren)
-
des nausées, des vomissements, des
diarrhées
En cas de
complications, d’autres signes peuvent apparaître :
-
une jaunisse, un épanchement
liquidien intra-abdominal en cas d’hépatite ou de cirrhose
-
des troubles neurologiques pouvant
être périphériques (perte de sensibilité ou de motricité des extrémités) ou
centraux (troubles de la mémoire, de l’équilibre, démence…), ou une épilepsie.
En cas de sevrage alcoolique, on observe :
-
des tremblements, une agitation, des
sueurs avec souvent une anxiété, des cauchemars, une irritabilité
-
à un stade plus avancé une
confusion, des hallucinations souvent visuelles
-
des convulsions
-
un delirium tremens (crise de délire
associée à une agitation intense).
Les complications
Conséquence somatique
-
Faciès congestionné et couperosé.
-
Haleine alcoolisée.
-
Tremblement des doigts, des lèvres
ou de la langue.
-
Signe digestif (anorexie),
dénutrition.
-
Troubles nerveux.
Conséquence psychique
-
Hallucination du buveur.
-
Démence.
-
Délire chronique.
-
Syndrome de Korsakoff : syndrome
amnésique global isolé avec désorientation temporo-spatiale, manque
d'initiative et parfois, éléments de fabulation
Conséquence familiale et socio-professionnelle : Désocialisation.
Conséquence biologique
-
Augmentation des enzymes et
transaminases hépatiques : lyse hépatique.
-
Augmentation du volume globulaire
moyen : 85 – 95 microm3.
-
Carence en folates, vitamines due à
la dénutrition.
-
CDT (Carbohydrate Déficiente
Transferrine) : marqueur de l'alcoolisation récente : < 2,6%.
-
Hypoglycémie.
-
Hyperlipidémie : recherche d'une
poussée de pancréatite associée.
-
Hypertonie osmotique : effet
diurétique par l'alcool.
-
Acidose métabolique : par nécrose.
-
Hyperuricémie : peut être due à la
destruction cellulaire.
L'intoxication éthylique
aigue
Manifestations
cliniques
Phase d'excitation psychomotrice :
-
Euphorie.
-
Logorrhée.
-
Humeur variable.
Phase ataxique :
-
Trouble de l'équilibre.
-
Ataxie : mauvaise coordination des
mouvements volontaires entraînant la perte d’équilibre.
-
Somnolence, regard vague.
-
Syndrome cérébelleux aigu :
hypotonie, ataxie cérébelleuse (troubles de la station debout et de la marche),
dysarthrie.
-
Confusion, désorientation.
-
Vertiges.
Phase de coma :
-
Mydriase.
-
Abolition des réflexes et de la
sensibilité.
-
Hypotension artérielle.
-
Hypothermie.
-
Hypoventilation, risque
d'encombrement.
Complications
-
Déshydratation immédiate.
-
Hépatite alcoolique aigue : douleur,
ictère.
-
Rhabdomyolyse : nécrose musculaire
d'où l'augmentation des CPK.
Sevrage
Lors de l'arrêt ou de la réduction drastique d'une consommation
excessive et prolongée d'alcool, des symptômes de sevrage peuvent apparaître.
Leur gravité et leur durée peuvent varier fortement, de la banale «gueule de
bois» à un delirium tremens mortel.
Syndrome de sevrage et manifestations cliniques :
Pré-délirium tremens : survient après 12 à 24 heures de sevrage
-
Tremblements intenses.
-
Sueurs profuses
-
Anxiété, insomnie, agitation.
-
Nausées, vomissements.
-
Tachycardie.
-
Crise comitiale.
Délirum tremens : survient après 24 à 48 heures de sevrage
-
Tremblements généralisés
-
Sueurs profuses.
-
Syndrome confuso-onirique,
hallucination, désorientation temporo-spatiale.
-
Dysarthrie.
-
Tachycardie.
-
Crise comitiale généralisée.
D’autres symptômes s’observe au cour du sevrage
-
Comportementale : fugue,
défenestration.
-
Infectieuse : pulmonaire, point de
ponction, urinaire (car rétention à cause des neuroleptiques), trouble de
déglutition, inhalation.
-
Neurologique : encéphalopathie,
hématome sous-dural, polynévrite des membres inférieurs, névrite optique
rétro-bulbaire.
Le traitement
Certaines personnes manifestent des symptômes physiques graves
lorsqu'elles essaient de s'abstenir de boire de l'alcool. Les hallucinations et
le delirium tremens, considérés comme des symptômes d'intoxication, sont en
fait causés par une brusque sobriété. Les personnes qui ont une dépendance à
l'alcool présentent des symptômes comme la peur, la confusion, une fièvre et un
pouls rapide lorsque la drogue n'est plus dans leur système. Le traitement en
milieu hospitalier et la prise de médicaments anxiolytiques peuvent aider à
atténuer les effets physiques pendant cette phase de sevrage.
Pour la plupart des personnes qui cessent de boire, le plus grand
danger est de recommencer à consommer de l'alcool (c'est une rechute).
Il n'est pas facile d'amener un être cher à rechercher de l'aide
pour une dépendance à l'alcool, puisque la plupart des personnes nient ce problème
(ce déni est lié aux changements cognitifs associés à la maladie). Il se peut
que vous ayez à soulever le sujet plus d'une fois et que vous ayez à faire
participer des amis et des membres de la famille à la discussion pour montrer à
quel point cela vous préoccupe. Il est préférable d'aborder le sujet calmement,
sans lancer d'accusations et en mettant l'accent sur le soutien de la personne
concernée. Mentionnez des comportements et des événements précis qui ont causé
vos préoccupations plutôt que de parler d'une façon générale.
Sachez qu'il existe diverses interventions efficaces pour traiter
l'alcoolisme. Certaines personnes seront en mesure de modifier ou de cesser
leur consommation d'alcool après qu'une personne en qui elles ont confiance ait
mentionné les effets dévastateurs de leur comportement. Malheureusement, les
interventions de la famille et des amis ne suffisent que dans une minorité de
cas.
Le mouvement des Alcooliques Anonymes (les AA) peut constituer un
choix possible. Reconnu pour son programme en 12 étapes, cet organisme
international peut s'avérer d'une grande utilité pour de nombreuses personnes
grâce aux efforts personnels et au soutien des pairs. Pour obtenir de plus
amples renseignements, cherchez le numéro de téléphone de l'organisme AA dans
votre annuaire local.
Par ailleurs, de nombreuses collectivités ont accès à divers
programmes de dépendance à l'alcool bénéficiant d'un soutien public et il
existe également beaucoup de programmes privés. Consultez votre professionnel
des soins de santé pour savoir quels types de services sont disponibles.
Plusieurs médicaments peuvent aussi aider lorsqu'ils sont utilisés
en combinaison avec d'autres formes de traitement. Ces médicaments agissent de
manières différentes. Certains suppriment le besoin impérieux de boire (par ex.
le naltrexone*), certains causent des réactions physiques désagréables lors de
la consommation d'alcool (par ex. le disulfirame) et d'autres atténuent les
symptômes physiques associés au sevrage (par ex. le diazépam et la clonidine).
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