Un tiers des étudiants en médecine et des jeunes diplômés
disent avoir pris des psychostimulants au cours de leur vie, notamment dans le
but d’obtenir de meilleurs résultats au concours de première année, selon une
étude. Parmi eux, 5,2% avouent avoir consommé des drogues telles que la cocaïne
ou l’ecstasy.
Les étudiants en médecine ne se contentent pas tous de café
ou de vitamine C pour rester concentrés avant les examens. Au total, un tiers
d’entre eux disent avoir déjà pris d’autres psychostimulants dans leur vie,
selon une enquête française en cours de publication, relayée lundi par Le
Monde.
Guronsan, médicaments détournés, cocaïne...
Celle-ci a été menée par six médecins - dont les psychiatres et chercheurs Guillaume Fond et Philippe Domenech du groupe hospitalier Henri-Mondor à Créteil - auprès d’un échantillon représentatif de 1700 personnes, étudiants en médecine ou jeunes diplômés. Dans le détail, 30% des participants déclarent avoir déjà consommé des produits en vente libre, comme du Guronsan (médicament mêlant vitamine C et caféine) ou des boissons énergisantes.
Mais ce n’est pas tout: 6,7% indiquent avoir eu recours à
des médicaments sur ordonnance, souvent détournés de l’usage pour lequel ils
sont commercialisés. Pour la plupart, les consommateurs sont des médecins ayant
validé leur internat, donc habilités à prescrire des médicaments. Pour 1,5%
d’entre eux, il s’agit de Ritaline et pour 0,7% de Modafinil (deux
médicaments - commercialisés l'un pour traiter l’hyperactivité (TDAH) chez les
enfants de six ans et plus, le second pour traiter la narcolepsie - où est
présente la molécule de méthylphénidate, proche des amphétamines) et pour 4,5%
de corticoïdes (des médicaments prescrits dans le cadre de nombreuses
pathologies pour leurs effets anti-inflammatoires ou immunosuppresseurs).
Enfin, 5,2% avouent avoir pris des psychostimulants
illicites, des drogues comme la cocaïne ou l’ecstasy.
Consommation influencée "par les rythmes
académiques"
Dans tous les cas, l’idée de cette
"neuro-optimisation" (traduction du terme anglais
"neuroenhancement" décrivant la consommation de psychostimulants sur
les campus américains) est d’augmenter son niveau de vigilance, dans le but
d’obtenir in fine de meilleurs résultats académiques.
Deux périodes sont ainsi particulièrement propices à l’usage
de psychostimulants, selon les chercheurs: l’année précédant le concours de
première année, ultra-sélectif (chaque année, plus de 85 % des
étudiants ne parviennent à passer en deuxième année) ou avant l’examen
classant national de sixième année. "Notre étude suggère que les
comportements de consommation de psychostimulants sont très fortement
influencés par les rythmes académiques des études médicales, et notamment les
deux grands examens, en première et en sixième année. Le type de
psychostimulant dépend, lui, de l’accessibilité au produit", expliquent
les auteurs.
Cependant, ces pratiques ne sont bien entendu pas dénuées de
risques. Ainsi, les étudiants qui consomment des produits en vente libre
"ont un risque multiplié par deux de consommer d’autres
psychostimulants", prévient Guillaume Fond. Et si, comme le souligne Le
Monde, le méthylphenidate est inscrit sur la liste des stupéfiants, les
corticoïdes peuvent eux "avoir des effets délétères sur la santé, même à
court terme", avertit Martine Gavaret, neurologue au CHU de Marseille et
coauteure de l'enquête. Quant aux risques liés à la consommation de
stupéfiants, tels que la cocaïne ou l’ecstasy, ils sont
bien connus des étudiants en médecine (anxiété, troubles cardiaques,
dépendance, overdose… mais aussi perturbation des capacités d’apprentissage et
de mémoire).
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